Histoire du Mouvement de Réforme des Adventistes du Septième Jour, ch. 2
CHAPITRE 2
LE PEUPLE DE DIEU ET LE SERVICE MILITAIRE
Le Seigneur a dit par l’intermédiaire de Moïse : « Tu ne tueras point. » Éxode 20:13.
Le Seigneur a dit par l’intermédiaire de Jean : « Si quelqu’un tue avec l’épée, il faut qu’il soit lui-même tué par l’épée. » Apocalypse 13:10.
Le Seigneur a dit par l’intermédiaire de Jean : « Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient,… » Jean 18:36.
Le Seigneur a dit par l’intermédiaire de Matthieu : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous haïssent ; et priez pour ceux qui vous outragent. » Matthieu 5:44.
Le Seigneur a dit par l’intermédiaire de Sœur White : « Il m’a été montré que le peuple de Dieu, qui est Son trésor particulier, ne peut s’engager dans cette guerre troublante, car ce serait contraire à tous les principes de leur foi. Dans l’armée ils ne peuvent pas à la fois obéir à la vérité et aux exigences de leurs supérieurs. Ils violeraient continuellement leur conscience. … Ceux qui aiment les commandements de Dieu se conformeront à toutes les bonnes lois du pays. Mais si les exigences des dirigeants entrent en conflit avec les lois de Dieu, la seule question à régler est [celle-ci] : Obéirons-nous à Dieu, ou à l’homme ?…
Celui qui a la loi de Dieu écrite en son cœur obéira à Dieu plutôt qu’aux hommes, et préfèrera désobéir à tous les hommes que de s’écarter un seul instant du commandement de Dieu. » –Testimonies for the Church, vol. 1, pp. 361, 362.
LA PREMIÈRE POSITION DES ADVENTISTES DU SEPTIÈME JOUR
DÉCLARATION : « Nous avons été non-combattants durant toute notre histoire. Pendant la Guerre civile (1862-1865), notre peuple a officiellement déclaré :
« Que nous reconnaissons le gouvernement civil comme étant ordonné de Dieu, afin que l’ordre, la justice et la paix puissent être préservés dans le pays, et afin que le peuple de Dieu puisse mener une vie calme et paisible en toute piété et toute honnêteté.
« En accord avec ce fait, nous reconnaissons qu’il est juste de rendre le tribut, l’honneur et le respect aux pouvoirs civils, tel que cela nous est prescrit dans le Nouveau Testament. Ainsi, tandis que nous rendons de bon cœur à César ce que les Écritures nous montrent être à lui, nous sommes contraints de refuser toute participation aux actes de guerre et aux effusions de sang, ces derniers étant incompatibles avec les devoirs que le Maître nous a prescrits à l’égard de nos ennemis et de toute l’humanité. » Matthieu 5:44.
Nous croyons que cette déclaration est en harmonie avec les enseignements de la Bible et des Témoignages de l’Esprit de prophétie, et que tout vrai chrétien devrait les suivre quelles qu’en soient les conséquences.
QUI SONT LES APOSTATS ?
Dans notre pays [les États-Unis], la majorité des dirigeants de notre conférence adoptèrent une position de non-combattants et y adhérèrent plus ou moins uniformément. Dans certains pays d’Europe, cela fût interprété très différemment, comme notre lecteur a déjà pu le voir par les documents précédents adressés au Ministère de la Guerre à Berlin, en Allemagne.
Que les dirigeants des Adventistes du Septième Jour, et en particulier ceux des pays d’Europe, ont renié leurs premiers principes et ont abandonné leur position de non-combattants pour adopter celle de combattants, est un fait évident pour toute personne réfléchie.
Dans une réunion spéciale tenue à Hamburg, en Allemagne, le 2 août 1914, le dirigeant alors présent en vint à la conclusion qu’ils devaient renier leurs premiers principes et se ranger du côté des combattants. Cette réunion se tînt deux jours avant que les documents soient envoyés au Ministère de la Guerre allemand. Nous détenons une copie du compte-rendu original au Bureau de l’Union américaine du Mouvement de Réforme. Le compte-rendu de cette réunion fût imprimé et distribué parmi les différents membres des églises. Ce qui suit est une copie que nous portons à votre attention :
« À NOS CHERS FRÈRES ET SOEURS :
Salutations avec le Psaume 23.
En ce temps grave et terrible dans lequel l’Europe a sombré, nous désirons demander de vous les choses suivantes :
1. En tant que disciples de Christ, et par la puissance de Dieu, nous devrions, en ces jours-ci, être fidèles, obéissants et disposés à servir notre pays. 1 Pierre 2:13, 14 et 17.
2. Nous devrions remplir nos devoirs militaires avec joie aussi longtemps que nous sommes engagés au service du pays ou que nous devrions être appelés à servir, pour que les officiers responsables trouvent en nous des soldats vaillants et fidèles, qui sont prêts à mourir pour leurs maisons, pour leur armée et pour leur « Patrie ». Notre destin est entre les mains de Dieu. S’il nous arrivait de perdre la vie sur le champ de bataille, souvenons-nous donc que notre « vie est cachée avec Christ en Dieu. » Colossiens 3:3.
3. Ceux qui restent chez eux devraient se montrer généreux envers leurs prochains, remplis de l’amour de Christ, prêts à aider de quelque manière possible pour soulager ceux qui souffrent et ceux qui sont malades, les blessés, les pauvres, les veuves et les orphelins. Nous n’osons pas perdre notre courage, mais nous devons aussi être patients dans l’affliction et faire comme fit Moïse, car nous espérons un jour chanter son cantique. Tenez-vous à Lui, « comme voyant Celui qui est invisible. » Hébreux 11:27. N’oublions pas de sonder ardemment la parole de Dieu. Jean 5:39. Assistez régulièrement à nos réunions, et par-dessus toutes choses, n’oubliez pas de prier pour notre Gouvernement ! (1 Timothée 2 :2) et pour notre armée quand vous allez devant le trône de la grâce.
4. Nous devons toujours nous souvenir de notre mission en tant que messagers de Christ, et autant que notre force nous le permet, nous devrions servir pour sauver les âmes.
En vous remettant tous à la grâce de Dieu, je suis, par ces salutations sincères,
Votre Frère dans le Seigneur,
Signé, l’ANCIEN G. DAIL »
Quand la décision ci-dessus, prise par les hommes occupant des postes de responsabilités, fût imprimée dans un article d’une page et disséminé dans toute l’Allemagne, ainsi que dans certains des pays centraux, cela fît sensation parmi les membres des Adventistes du Septième Jour. Pour un grand nombre d’entre eux il était clair que les dirigeants de la Dénomination avaient renié leurs premiers principes concernant leur devoir vis-à-vis du gouvernement, en « abandonnant leur position et en rejoignant les rangs de l’opposition. » –The Great Controversy, p. 608 [Tragédie des siècles, p. 660].
Nous disons de manière apathique: « Dieu est avec nous », mais ne réalisons pas que c’est souvent le dieu de ce monde, qui était aussi avec Napoléon. Daniel 11:28.
De toute évidence, les faux bergers savaient que quelques membres au moins resteraient fidèles au Seigneur, Ainsi, pour se couvrir eux-mêmes, ils commirent l’acte de Judas, le 4 août 1914, par leur document adressé au gouvernement de Berlin. Ils ont fait cela avant même que le Sabbat soit devenu un test pour ces adventistes qui avaient été appelés dans l’armée.
Nous protestons énergiquement contre tous les prédicateurs qui maintiennent les opinions contenues dans le document envoyé au gouvernement allemand, et qui les enseignent comme des principes fondateurs de notre foi. Nous reconnaissons seulement ces principes fondamentaux qui sont basés sur les Écritures, et plus particulièrement ceux qui concernent le message d’avertissement d’Apocalypse 14:6-12 et 18:1-4 ; et nous maintenons que la vérité présente pour ce temps est le seul message qui peut et qui devrait être proclamé.
Nous conseillons à toutes les églises qui souhaitent rester fidèles aux principes de notre foi, qu’elles soient en petit ou en grand nombre, de ne permettre d’officier seulement aux prédicateurs qui ne prêcheront que « la parole », comme autrefois, ceux qui dans l’humilité paîtront le troupeau de Christ et lui donneront la nourriture au temps convenable.
Nous ne sommes pas d’accord avec la déclaration selon laquelle le fait d’adhérer strictement aux anciens principes de notre foi constitue un obstacle à la cause. Que la déclaration de 2 Corinthiens 11:13-15 serve à révéler la subtilité de Satan par laquelle il se déguise en prédicateur de justice. Aujourd’hui, Dieu a pour dessein, à travers l’opération du Saint-Esprit et du message du troisième ange d’Apocalypse 14:6-12 et 18:1-4, de rassembler parmi toutes les nations, tribus, langues et peuples un peuple qui gardera Ses commandements, et en particulier le commandement du Sabbat, qui est un signe ou un sceau visible entre le Seigneur et Son cher peuple. Éxode 31:17. Quand l’œuvre du scellement sera achevée, les plaies tomberont sur tous ceux qui ont pris le message d’avertissement à la légère.
Ceux qui se soumettent entièrement aux exigences du message et qui, si besoin est, sont prêts à être privés de feu ou de lieu, subissent injustement l’outrage de ceux qui ne sont chrétiens que de nom, et ont un tel égard sacré pour les commandements de Dieu que même la torture et la mort ne les persuaderont pas à violer Sa loi – ceux-ci ne sont pas les opposants de l’œuvre que Dieu dirige. Nous sommes navrés de devoir reconnaître qu’un si grand nombre de nos prédicateurs se sentent tellement en sécurité dans l’œuvre qu’ils la façonnent et la modèlent pour satisfaire leurs idées, et que ne pouvant pas supporter les remontrances ou les interférences, ils jettent l’opprobre sur ceux qui protestent et les accusent d’empêcher l’œuvre qu’ils essaient eux-mêmes de faire avancer pour Dieu et pour le monde. Comme dans les siècles passés, ceci est encore une manifestation des ruses de Satan.
L’histoire des temps de Luther se répète. Certains accusaient Luther de présomption et déclaraient qu’Il n’était pas conduit par Dieu, mais que l’orgueil et la précocité représentait sa seule excuse pour la rébellion. Il répliqua : « Qui peut soumettre un nouveau dogme et ne pas être accusé d’orgueil » ou d’un désir d’être différent ?
Qu’est-ce qui amena Christ et Ses nombreux et fidèles disciples à être condamnés à mort ? Ils étaient considérés comme des opposants et des traitres de la foi qui à leur époque était généralement acceptée, et les dignitaires de l’Église étaient leurs plus cruels accusateurs. Ils n’avaient pas d’abord humblement demandé l’avis de la hiérarchie et ils devaient par conséquent être dénoncés comme apostats. Luther déclara aussi : « Ce n’est pas la sagesse de l’homme mais le conseil de Dieu qui peut établir la vérité. Si l’œuvre est de Dieu, qui peut l’empêcher ? Si elle n’est pas de Dieu, qui peut l’établir ? »
Nous protestons énergiquement contre l’utilisation des journaux de notre dénomination dans le but de mener une propagande de diffamation et de dénigrement contre ceux qui peuvent donner une bonne raison de la foi qui est en eux. La publication de livres et de revues qui ne sont pas remplies de la vérité présente (le genre de vérité qui conduira les gens des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu) devrait être abandonnée.
Nous répétons ce qui vous a été dit dans « Experience and Views ». « Si vous n’êtes pas prêts à paître le troupeau de Christ comme Il vous demande de la faire, en lui donnant la nourriture au temps convenable, alors choisissez-vous une autre vocation ; mais ne conduisez pas le troupeau de Christ à la perdition. »
Nous protestons énergiquement contre votre utilisation de la sainte dîme pour acheter des obligations d’État, aidant ainsi le gouvernement à poursuivre la guerre. La dîme est sacrée, et toute main qui l’utilise à une telle fin se montre indigne d’être un dispensateur dans la maison de Dieu.
Nous conseillons à tous ceux qui souhaitent que leur dîme soit utilisée fidèlement de ne l’envoyer qu’à l’endroit où ils savent qu’on enseigne la vérité en harmonie avec la parole qui les a affranchis. Unissez-vous en compagnies efficaces, même si vous n’êtes que deux ou trois, car le Sauveur a promis à ceux-là qu’Il sera Lui-même parmi eux.
Si nos dirigeants admettent qu’ils ont commis une erreur en envoyant le document au gouvernement allemand, le 4 août 1914, si les hommes de notre Conférence Générale admettent qu’ils ont commis une erreur en justifiant les mesures prises par les dirigeants en Europe, si les journaux de la dénomination admettent à notre peuple dans le monde entier qu’ils ont mal agi et qu’ils ont conduit le peuple à mal agir, si sans réserve ils proclament la vérité dans toute sa pureté, quand bien même celle-ci serait tranchante, s’ils refusent de reconnaître les nationalités ou les personnalités de sorte à pouvoir remplir leurs devoirs de manière fidèle, s’ils accueillent favorablement une réforme complète par un retour décidé aux premiers principes de la vérité, aussi bien dans la théorie que dans la pratique, alors nous les reconnaîtrons avec joie comme des véritables et fidèles messagers de Christ avec nous.
Nos frères Russes furent également forcés de violer les commandements de Dieu, déployant ainsi un frère contre un autre dans la guerre. Quand, dans notre protestation, nous fîmes remarquer cette incohérence, la réponse suivante nous fût donnée : « Les premières lignes sont longues, il y a très peu de chance qu’un frère en tue un autre. »
Nous protestons contre la pratique qui fait de la cause de Dieu une vulgaire affaire de troc entre l’Église et l’État, comme cela a été fait dans le document adressé au ministre de la guerre au début de la guerre.
Nous protestons énergiquement contre l’ordre qui déclare que seules les publications portant l’imprimatur de certains bureaux peuvent être diffusées. Ceci n’est pas biblique et c’est contraire aux enseignements des Témoignages, dans lesquels tous sont exhortés à employer les talents que Dieu leur a donné, à mesure que Celui-ci leur ouvre la voie. Des hommes issus de divers et humbles métiers doivent achever l’œuvre.
Nous protestons énergiquement contre tous les articles qui ont parus dans le Zions-Waechter, le journal d’Église de notre dénomination en Allemagne, dans lequel les actions de nos dirigeants furent défendues et dans lequel le grand Je est fortement manifesté. Nous voudrions que l’on nous montre par la parole de Dieu qu’il est maintenant nécessaire de violer les commandements de Dieu en raison de l’exégèse des temps, et non par une manifestation patente du grand Je et par un grand élan d’autojustification. Les mouvements spirituels comme celui du message du troisième ange ne peuvent être vaincus par des armes charnelles, comme les dirigeants essaient de le faire. Ce sont les calomnies malveillantes et les attaques personnelles parues dans le Zions-Waechter qui ont poussé le gouvernement à agir contre les adhérents fidèles de la vérité présente. C’était là des armes sataniques. La parole de Dieu représente la seule épée avec laquelle les saints sont censés combattre.
Nous protestons énergiquement contre le livret « Le chrétien et la guerre » dans son ensemble, lequel a été publié par les dirigeants de la dénomination en Europe en décembre 1915, et dans lequel nous trouvons les expressions suivantes :
« Dans tout ce que nous avons dit, nous avons montré que la Bible enseigne :
Premièrement, que prendre part à la guerre n’est pas une transgression du Sixième commandement
Deuxièmement, que servir en armes le jour du Sabbat n’est pas une transgression du Quatrième commandement. » p. 18.
Nous ne pouvons conduire une âme plus loin que nous ne sommes nous-mêmes. Dans la guerre, en tant que soldats nous pouvons conduire une âme à Christ, et cet homme restera un meurtrier. Les pharisiens d’autrefois faisaient de telles conversions. Les pharisiens d’aujourd’hui n’ont pas changé dans leurs attaques. Jésus déclare d’une telle œuvre qu’elle vaut moins que rien (vaine, inutile), puisque de telles âmes fourvoyées sont deux fois plus des enfants de la géhenne. Il n’existe que deux possibilités dans la position que nous pouvons prendre vis-à-vis de Christ. Matthieu 12:30.
Nous protestons énergiquement contre le fait d’être forcés à accepter en tant que pasteur un homme qui ne mène pas une vie sainte et qui n’obéit pas aux commandements de Dieu, un homme qui ne pratique pas la réforme sanitaire dans son foyer, qui joue aux cartes et à des choses du même genre ; et il existe aujourd’hui de tels hommes qui sont employés dans la cause de Dieu. Avec un tel dirigeant, la cause de Dieu ne peut prospérer. Le temps de détresse éliminera de tels ouvriers, comme cela est déjà devenu manifeste.
Publié le 31/07/2016, dans Histoire du Mouvement de Réforme, et tagué *4e ange, 1888, Apostasie, église adventiste, Première Guerre mondiale, Réveil et réforme. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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