La nature pernicieuse de l’apostasie

Ce qui suit est un extrait d’un rapport missionnaire paru dans la revue « Le Messager » jadis publiée en France avec « Les Signes des Temps ». Dans ces lignes, nous assistons à l’esprit qui a fourvoyé le peuple adventiste français, sans parler de la communauté internationale, à compter de cette date fatidique de 1914, mais qui ne fût pas sans origines ni commencements préalables.

« Les 17 et 18 avril.
Journées bien chaudes et nuits sans fraicheur. Nous approchons de l’équateur. Les seuls moments agréables de la journée sont le matin et le soir à condition de les passer sur le pont. J’ai repris la conversation avec le docteur Butin. II est venu à moi très accueillant et me dit qu’il se rappelait avoir rencontré pour la première fois l’« Adventisme » parce que la presse en avait rapporté récemment au sujet de la condamnation d’un jeune soldat qui avait refusé de faire l’exercice le samedi, 7ème jour. « Eh bien, Monsieur, dit-il, comme colonel moi-même, assurément je n’aurais pu faire autrement que de déférer un tel soldat en conseil de guerre. » Il me fallut lui expliquer notre attitude sur cette grave et délicate question. Je compris que je devais le faire prudemment, car mes déclarations étaient rapportées et commentées devant un groupe d’officiers supérieurs, se rendant à Madagascar. En substance j’affirma notre dévouement pour notre patrie, mais que nous entendions toutefois mieux servir par des actes d’amour que par la violence ; que nous reconnaissions les gouvernements comme établis de Dieu, ainsi que la nécessité, clans l’état présent, d’une force armée ; que nos jeunes gens faisaient d’excellents soldats d’une valeur morale réelle ; mais que leur droit individuel et de conscience au repos du Sabbat, selon la lettre et l’esprit du commandement du Décalogue, ne pouvait leur être dénié sans offense au grand principe de la liberté religieuse consacré par le régime républicain. J’ajoutai : « Toutefois nos jeunes gens en temps de guerre feraient tout leur devoir le jour du Sabbat, car le Christ a dit : « Le Sabbat a été fait pour « l’homme et non l’homme pour le Sabbat ; » mais en temps de paix, alors que la situation et les circonstances le permettent, sans qu’il en résulte la mise en danger de sa propre vie ou de celle des autres, nos soldats demandent et prendront – ce qui est leur droit religieux strict – la liberté du repos le 7ème jour, Sabbat. Mes explications parurent le satisfaire… » (Paul Badaut, Le Messager, septembre 1914.)

Quelle est la valeur de ces écrits ? Ils aident à comprendre que l’apostasie prends souvent de bonnes formes et assument la robe du discipulat et de la ferveur missionnaire. Toutefois, il ne faut pas s’y tromper. La position qui fut adoptée par l’Église adventiste de manière générale (et pas uniquement en Allemagne) était profondément contraire aux piliers dont l’Esprit de prophétie parlait ici :

« Il faut constamment rappeler à nos membres les vérités qui sont le fondement de notre foi. Quelques-uns se détourneront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des doctrines des démons. […] Nous devons maintenant comprendre quels sont les piliers de notre foi, les vérités qui ont fait de nous ce que nous sommes en tant que peuple, et qui nous ont guidés pas à pas. – Review and Herald, 25 mai 1905. » (Counsels to Writers and Editors, p. 29.)

Quel était l’un de ces piliers, dont cet homme, à l’instar de toute l’organisation, s’était détourné complètement ? Voilà la déclaration officielle de l’Église adventiste en 1864, faite en plein milieu de la Guerre civile américaine :

« Nous, soussignés, Comité exécutif de la Conférence générale des Adventistes du septième jour, demandons respectueusement l’autorisation de soumettre à votre examen les déclarations suivantes :

« La confession chrétienne des Adventistes du septième jour, qui adopte la Bible comme règle de foi et de pratique, est unanimement d’avis que ses enseignements sont contraires à l’esprit et à la pratique de la guerre ; c’est pourquoi elle s’est toujours opposée consciencieusement au fait de prendre les armes. S’il y a une partie de la Bible que nous, en tant que peuple, pouvons citer plus qu’une autre comme notre credo, c’est la loi des dix commandements que nous considérons comme la loi suprême et dont nous prenons chaque précepte dans sa signification la plus évidente et la plus littérale. Le quatrième de ces commandements exige la cessation du travail le septième jour de la semaine, le sixième interdit d’ôter la vie, et ni l’un ni l’autre, à nos yeux, ne peuvent être observés dans l’accomplissement du devoir militaire. Notre pratique a toujours été conforme à ces principes. C’est pourquoi nos fidèles ne se sont pas sentis libres de s’enrôler dans l’armée. Dans aucune de nos publications confessionnelles, nous n’avons préconisé ou encouragé à prendre les armes ; et lorsque nous avons été appelés sous les drapeaux, plutôt que de violer nos principes, nous nous sommes contentés de payer, et de nous aider les uns les autres à payer, les 300 dollars correspondant à la somme de commutation. » (The Views of Seventh-day Adventists Relative to Bearing Arms, Battle Creek, Mich., 2 août 1864)

300 dollars en 1864, c’était l’équivalent aujourd’hui de 5566 euros. Autrement dit, ces hommes étaient prêts à s’endetter les uns pour les autres afin d’éviter le service militaire. D’un autre côté, en 1914, ces jeunes hommes dont les dirigeants, pasteurs et colporteurs faisaient retentir les louanges, ne firent aucun tel sacrifice. Quelle misère pour Dieu ! Ces hommes se donnèrent gratuitement pour transgresser les principes pour lesquels nos anciens pionniers étaient prêts à sacrifier tous leurs biens. Voyez-vous le contraste douloureux entre l’esprit de fidélité à Dieu et l’esprit de compromission et d’abandon total de la véritable foi ?

Pourquoi avons-nous besoin de contempler ces choses ? Afin de voir que ce que nous avons appelé « adventiste » n’était et n’est en réalité qu’une contrefaçon grossière qui ne vaut absolument rien, et qui se prostitue au monde dès le premier danger. Il s’agit toutefois d’une organisation qui a déployé des efforts et des fonds colossaux pour l’évangélisation, mais qui n’avait, et qui n’a encore aujourd’hui, pas assez d’argent pour payer les 300 dollars proposés par nos anciens. De quelle foi parlons-nous ? Pourquoi cela est-il important ? Parce que la guerre est de nouveau à nos portes, frères et sœurs, et parce qu’Armageddon ne se fera pas sans service militaire. Nous avons besoin de connaître les piliers de notre foi afin de savoir si nous y sommes véritablement attachés, ou si nous quitterons en pratique les rangs du peuple de Dieu à la moindre occasion. Plus encore, nous avons besoin de réfléchir à ces choses afin de pouvoir enfin comprendre mieux la nécessité de sortir du milieu de ceux qui depuis plus d’un siècle n’ont de la piété que l’apparence, et qui compromettent toujours et continueront de compromettre les principes dès que ceux-ci contredisent leurs penchants ou menacent leurs conforts. Réfléchissez, mes frères.

Publié le 08/03/2025, dans -Articles. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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