Abaya, laïcité et liberté de conscience
Abaya, laïcité et liberté de conscience
Faut-il en parler ? En voyant la polémique, on se dit que peut-être pas. Toutefois, il y a quelque chose de profondément important derrière le jeu des instrumentalisations politiques et religieuses tant du vêtement féminin que des interdictions du gouvernement. Quelque chose d’important, car quelque chose qui nous concerne tous, ou qui finira tôt ou tard par tous nous concerner, croyants ou incroyants, musulmans ou athées ou juifs ou chrétiens.
Tout d’abord, nous voulons poser la question : Qu’est-ce que la laïcité ? Avant de la définir, il convient d’admettre que la notion de laïcité en France reste profondément différente dans la pratique de celle de la laïcité aux États-Unis, et ce en grande partie en raison des expériences passées de ceux qui ressentirent le besoin de l’implémenter dans les principes fondamentaux de leur république. Tout cela étant dit, la laïcité est tout de même, par définition, acceptée en France comme : Le « principe de séparation dans l’État de la société civile et de la société religieuse. »
Plus encore, la laïcité se définit comme le « caractère des institutions, publiques ou privées, qui, selon ce principe, sont indépendantes du clergé et des Églises » ; c’est l’« impartialité, [la] neutralité de l’État à l’égard des Églises et de toute confession religieuse. » (laïcité, CNRTL.)
Selon le Comité interministériel de la laïcité :
« La laïcité garantit la liberté de conscience. De celle-ci découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public. La laïcité implique la neutralité de l’Etat et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. »
La laïcité, donc, comme nous le lisons, et à juste titre, « implique la neutralité de l’État » vis-à-vis de la pratique de la religion par l’individu, « dans les limites du respect de l’ordre public ».
« La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses. »
« La laïcité implique la séparation de l’Etat et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses. De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités territoriales et des services publics, non de ses usagers. » (Qu’est-ce que la laïcité ?, gouvernement.fr)
Le cœur du sujet
À la lumière de toutes ces choses, si maintenant, comme c’est en effet le cas, le Conseil français du Culte Musulman déclare que l’abaya « n’a jamais été un vêtement ou une prescription religieuse », alors en principe, la définition ne pouvant être donnée que par « l’Église », ou comme c’est ici le cas, par l’autorité musulmane française, l’État s’est déjà refusé le droit, selon le principe de laïcité, de s’établir en autorité sur la signification de ce qui est ou de ce qui n’est pas religieux.
Mais parce que la France semble être fatiguée des incursions de l’Islam sur son territoire et dans ses institutions, et que, semble-t-il, les mouvements extrémistes religieux ont su prendre la France « à son propre jeu », l’État français a décidé, au nom de la laïcité, afin de préserver son intégrité « laïque » et culturelle, de fouler aux pieds la laïcité, préparant ainsi la voie pour un renouveau de l’intolérance religieuse dans la terre qui depuis la Révolution avait réalisé la nécessité fondamentale du véritable principe de laïcité pour la préservation de l’ordre public et la sauvegarde de la société française.
L’abaya
Maintenant, en ce qui concerne le vêtement en soi, nous disons ceci : Ce qui est le plus navrant c’est que, de nos jours, à défaut de mieux, cette robe semble être de loin le vêtement le plus décent qu’une jeune fille ou jeune femme puisse porter dans les écoles françaises. En vrai, ce n’est ni plus ni moins qu’une robe longue et ample, certes avec des caractéristiques bien propres à sa culture d’origine, mais une robe malgré tout. Le fait que cet habit soit porté principalement par des musulmanes ne nous empêchera pas de louer son caractère décent et pudique. En effet, la Bible dit de Dieu que Lui-même s’habille avec décence, pudeur et modestie :
« Mon âme, bénis l’Éternel! Éternel, mon Dieu, tu es merveilleusement grand; tu es revêtu de splendeur et de majesté. Il s’enveloppe de lumière comme d’un vêtement; il étend les cieux comme une tenture. » Psaume 104:1-2
Dieu s’enveloppe de lumière comme d’un vêtement, et c’est une chose splendide et majestueuse. C’est ainsi qu’Il revêtit nos premiers parents après leur chute en Éden. La notion de décence et de pudeur est profondément, éternellement et étroitement liée au salut spirituel de l’homme et de la femme, car leur nudité physique est assimilée à la nudité spirituelle qui est survenue en conséquence du péché.
Nous ne sommes pas musulmans, et nous ne croyons pas au Dieu du Coran ; mais nous admettons volontiers que, à cet égard tout du moins, la grande majorité des femmes chrétiennes ont beaucoup à apprendre de ces filles de l’Islam. Tout n’est pas toujours à jeter. Tandis que je dois souvent baisser la tête ou soupirer de consternation en voyant comment sont accoutrées de nombreuses femmes « chrétiennes », la tenue de ces femmes musulmanes, hormis leur voile, laisse vraiment peu à désirer et s’avère une bénédiction tant pour la femme que pour l’homme.
Mais vous me direz peut-être : « Oui, mais, mon frère, elles ne connaissent pas le vrai Dieu du ciel. » Alors, si à ce moment-là j’avais une voix, peut-être que, dans les meilleures circonstances, je répondrais : « Mais est-ce que cela t’a tant avantagé de le connaître, si tu n’es pas vêtue comme Lui ? »
Telles sont les choses qui me traversent l’esprit en voyant tous ces évènements et la profonde déception de ces jeunes filles qui, quoiqu’elles n’appartiennent pas à notre confession de foi, se sont tout de même vu refuser le droit et privilège de s’habiller de manière modeste, et ont été renvoyées vers les seules options acceptables aux yeux de l’État : ce qui n’est pas (voire pas du tout) décent, ou bien ce qui est outrageux et qui est une abomination aux yeux de l’Éternel (Deut. 22:5).
Quoique nous soyons désolés par ce spectacle d’injustice, nous devrons nous consoler quelque peu par la mémoire que nous avions déjà été avertis par Luther sur le fait que les écoles du monde deviendraient comme les portes de l’enfer. En effet, le diable a bel et bien scellé la question, afin de montrer où il entend conduire les enfants qui y sont placés sous sa tutelle.
« Aussi le jugement s’est retiré en arrière, et la justice se tient éloignée; car la vérité trébuche sur la place publique, et la droiture ne peut entrer. Et la vérité fait défaut, et quiconque se retire du mal est dépouillé. L’Éternel l’a vu, et cela lui a déplu, qu’il n’y ait point de justice. » Ésaïe 59:14-15
Nous étions déjà, et nous sommes de nouveau, dans une nouvelle dimension, arrivé précisément là. Littérallement, « la droiture ne peut entrer ». Le Dieu du ciel regarde tout cela, et cela Lui déplait, qu’il n’y ait point de justice et que les hommes dépouillent leurs semblables de leur liberté de conscience.
La liberté de conscience
Tout cela nous remet en mémoire les paroles fortes et profondes du grand apôtre et précurseur de la laïcité aux États-Unis d’Amérique, Roger Williams ; celui-ci disait, en parlant de la liberté de conscience :
« Nous devrions nous séparer de nos terres et de nos vies avant de renoncer à un tel joyau. »
Ce même homme, dans un ouvrage datant du milieu du 17ème siècle, déclarait :
« Il est montré que tous les pouvoirs civils et leurs officiers de justice avec leurs constitutions et leurs administrations respectives sont civils par essence, et que par conséquent ils ne sont ni juges, ni gouverneurs, ni défenseurs de la condition et du culte spirituels ou chrétiens. »
Il ajoutait :
« C’est la volonté et le commandement de Dieu, depuis la venue de son Fils le Seigneur Jésus, que soit garantie à tous, dans chaque nation et chaque pays, la liberté de consciences et des cultes, même ceux des plus païens, des juifs, des turcs ou des antichrétiens. Et on ne doit les combattre qu’avec la seule épée capable de conquête dans les affaires de l’âme, l’épée de l’Esprit de Dieu, la Parole de Dieu. »
« Dieu ne demande pas que soit décrétée et imposée une uniformité de religion dans la communauté civile quelle qu’elle soit. Une telle uniformité forcée serait tôt ou tard le meilleur moyen de provoquer la guerre civile, le rapt des consciences, la persécution du Christ dans ses serviteurs, et l’hypocrisie et la destruction de millions d’âmes. » (Roger Williams, La Doctrine sanguine de la persécution pour motif de conscience.)
Les déclarations suivantes nous permettent de mettre en lumière notre devoir à l’égard de ce privilège dont la providence de Dieu nous a fait don :
« Nous n’exécutons pas sa volonté en demeurant dans une attitude passive, en ne faisant rien pour défendre la liberté de conscience. Nous devrions faire monter vers le ciel des prières ferventes et efficaces pour que cette calamité soit écartée jusqu’à ce que l’œuvre, que nous avons si longtemps négligée, soit accomplie. Prions avec plus d’ardeur et travaillons en harmonie avec nos prières. »
« Notre devoir est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour conjurer le mal qui nous menace. Nous devons nous faire connaître sous notre vrai jour pour faire tomber les préjugés. Nous devrions exposer devant le public la question telle qu’elle se présente, ce serait un moyen efficace pour protester contre les mesures qui tentent de porter atteinte à la liberté de conscience. » (Ellen G. White, Instructions pour un service chrétien effectif, p. 198.1-2.)
Notre détermination à préserver la liberté de conscience
Nous demeurons fermement attachés à l’assurance promise des droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, selon laquelle :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789.)
Nous désirons et sommes pleinement disposés à rester de fidèles et obéissants sujets et citoyens de notre patrie, tout en maintenant et préservant ces principes, tant pour notre propre bien que pour le bien et la liberté religieuse de tous ceux qui choisiraient d’agir différemment selon leurs propres décisions et consciences. Mais si ces principes en venaient à être bafoués de quelque façon par l’État français, nous affirmons aussi, par la présente, et avec l’aide de Dieu, être prêts à nous séparer de nos terres et de nos vies, de nos conforts et de nos avantages sociaux et matériels, avant de renoncer à un tel joyau — le joyau de la liberté de nos consciences devant Dieu.
Nous nous engageons devant Dieu et devant les hommes dans la tranquillité, afin que dans l’adversité nous puissions nous en remettre à notre décision déjà prise d’obéir aux commandements de Dieu plutôt qu’aux ordonnances des hommes.
« Mais Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s’il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu. » Actes 4:19.
Publié le 06/09/2023, dans -Articles, et tagué Abaya, Adventiste, Adventistes, décence, femmes, France, injustice, Islam, justice, laïcité, liberté de conscience, Liberté religieuse, modestie, musulmans, pudeur, religion, religions, vêtements. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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